Mon terrain de jeu : la mythologie !

Ce blog propose une immersion ludique dans les multiples mondes de la mythologie. Il présente notamment "Battlelore Mythologie", ma propre adaptation de Battlelore.

Dans chaque Livret d'Armée, vous trouverez tout ce qu'il vous faudra pour jouer : un descriptif de la mythologie du peuple, les cartes d'unités, les cartes de Lore, les cartes de commandement et les terrains spéciaux, les marqueurs...

J'ai le projet d'ajouter progressivement des Livrets d'Armée pour les différents peuples de l'Antiquité, et de les illustrer.

Ce blog présente également des aventures jouées avec la règle Labor of the Gods, et des aventures de jeu de rôle.

Enfin, vous y trouverez quelques pages Histoire
qui exposent plus ou moins brièvement l'histoire de la région.

J'espère que ce blog vous inspirera à transposer la riche imagination de peuples disparus sur vos tables de figurines...

lundi 25 avril 2016

Le Zoroastrianisme



Diversement appelé « zoroastrianisme », « mazdéisme » ou « religion avestique », cette religion reste méconnue, malgré une tradition textuelle très abondante.  Elle a pourtant séduite l’Iran et ses empires pendant plus d’un millénaire.

Quelque part entre -1000 et -500, un certain Zarathushtra (Zoroastre ; Zarathoustra ; Zarthosht) a entrepris une grande réforme de la religion ancestral de l’Iran.  Aux dieux multiples de l’Iran, il a substitué un dieu suprême, Ahura Mazdâ / Ormazhd (d’où « mazdéen ») et, face à lui, incréé comme lui, mais inégal en force, un dieu du Mal, Ahriman (ou Aryo-Mainyus).  Des autres divinités, il a fait des serviteurs d’Ahura Mazdâ.

Ses prédications ont intéressé le puissant roi de la Bactriane d’alors, Vistashpa, qui a protégé cette foi naissante.  Les premiers disciples de Zarathushtra étaient sa propre famille (son oncle, son gendre,…) puis il a formé d’autres qui, errants, ont porté la nouvelle foi à travers l’Iran, en particulier dans ses marches orientales.  Cette religion a été adopté, dans un forme probablement dilué, par les « Mages » de la Médie, qui a leur tour l’ont transmis aux rois achéménides, dont la destinée était impériale.

Reculant devant l’hellénisme, le zoroastrianisme a été ressuscité par les Parthes, et surtout par les Sassanides qui en ont fait le ciment de leur empire.  L’invasion de l’Iran par les tribus arabes a marginalisé cette religion mais elle ne s’est jamais éteinte, comme le montre la recension médiévale, le Shah Nameh.  Elle demeure encore vivante de nos jours, avec environ 150.000 fidèles, regroupés pour l’essentiel en Iran et en Inde.

Les sources

Le zoroastrianisme avait son livre sacré, appelé l’Avesta.  Ce qui a survécu à l’usure du temps représente un texte à peu près aussi copieux que l’Ancien Testament et, comme lui, l’Avesta est le produit de plusieurs siècles de réflexion théologique.  Il est difficile de mesurer ce qui a été perdu de l’œuvre canonique, peut-être le deux tiers du texte initial.



Une partie peut être reconstitué à travers des traditions textuelles parallèles.  C’est le cas du Bundahishn, dont les manuscrits datent de l’époque médiévale mais renvoient à un original antique.  Le Bundahishn est pour l’essentiel une cosmologie, comparable par sa matière au Genèse biblique.  Un autre texte important, le Denkart, est un long exégèse de l’Avesta et contribue à expliciter son contenu.


La mythologie de la création

Au début existaient deux esprits, incréés ou, comme le dit l’Avesta « appelés d’après leur propre opération en pensées, en paroles et en actions ».  L’un, Ahura Mazdâ, était omniscient et intrinsèquement porté sur les actes bienfaisants.  L’autre, Ahriman,  était porté vers la destruction et la perversité.  Savoir si c’était par nature ou par choix est encore objet de débat entre les chercheurs modernes, dont le point de vue dépend de leur interprétation (et de leur traduction) de la parte la plus ancienne de l’Avesta.



Le fait que ces deux Esprits précèdent la Création est important ; on peut en déduire que les deux ont un droit égal sur celle-ci.  Ce qui n’est pas le cas pour une créature comme par exemple Satan, qui n’est qu’une création de Dieu.

Dans l’état primitif de l’Univers, l’omniscient Ahura Mazdâ est conscient de la présence de l’autre Esprit.  Ahriman, cependant, dont les facultés sont inférieures, ignore tout de l’existence de son alter ego.

Dans cet état primitif de l’Univers, hors du Temps, Ahura Mazdâ crée divers esprits, parmi lesquels les Amesha Spenta, les Yazata et les Fravashi.  Cette création est sans pensée, sans mouvement, intangibles.  A la lecture du Bundahishn il semble que cette création originelle soit inerte, mais alors on ne voit pas bien son but ; peut-être est-il simplement empli de béatitude, sans ombre à l’horizon.  Ou bien, le Bundahishn renferme une conception très philosophique de l’infini et reconnaît que, sans Temps, il n’y a pas de notion « d’activité ».

Bref, Ahriman finit par découvrir Ahura Mazdâ et, par la même occasion, sa création spirituelle et les choses de gâtent.  La nature d’Ahriman le pousse à vouloir pour cette Création la destruction, de la haine et de la guerre.

Ahriman ayant un pouvoir de création qui est l’égal de celui de son adversaire, il fait naître les « Dévas ».  Ces créatures perverses et difforment envahissent l’Univers.  Ahura Mazdâ, malgré le dédain qu’il porte pour Ahriman, vient à craindre qu’à terme, le Mal ne finisse pas déteindre sur ses propres créatures.

C’est cette inquiétude qui le pousse à un acte radical : il propose à Ahriman de créer une bulle de Temps et, à l’intérieur, un monde matériel comme théâtre de leur conflit.  Le Temps de la Création durera 9.000 ans et à sa fin, la bataille cosmique connaîtra un seul vainqueur.  Ahriman accepte le marché, car dans son manque d’omniscience, il ne comprend pas que sa défaite est certaine.  C’est seulement alors qu’Ahura Mazdâ entonne le Yatha ahu vairyo, un mantra de 21 mots qui révèle à Ahriman sa défaite écrite d’avance.  L’Esprit du Mal est sonné pour trois mille ans.

Ainsi est expliqué le but du monde matériel : il sert à limiter dans le temps le conflit avec Ahriman et y fixer une fin.  Une fois Ahriman définitivement vaincu, l’univers infini sera à nouveau pur de toute tâche, pour l’éternité.  La conséquence c’est que le monde matériel n’est rien d’autre qu’un vaste champ de bataille entre le Bien et le Mal.

Pendant le millénaire où Ahriman gît en état de choc, Ahura Mazdâ déroule la création matérielle : le ciel, les animaux et les plantes, les hommes.  Chaque chose dans le monde matériel est dupliquée à partir de son original céleste.  Ahura Mazdâ a donc prévu le monde matériel en créant, par avance, son jumeau céleste.

Le ciel est fait d’une feuille de métal et les étoiles sont postées dans le firmament comme gardiens, pour empêcher à tout jamais qu’Ahriman puisse s’échapper du monde physique et nuire à l’Infini hors du Temps.

Les plantes sont fabriquées à partir de l’eau, les animaux – en premier, le Taureau primordial - et les hommes à partir du feu.  Les premiers êtres humains sont Gav et Gayomars.

Ahriman se réveille enfin de sa torpeur millénaire et part en guerre contre la Création.  Pendant cette bataille épique, chaque chose vivante comme chaque vertu morale est opposé au déva qui incarne son antithèse.  Après une lutte de quatre-vingt dix jours, le Mal est refoulé mais non sans avoir contaminé profondément le monde matériel (« comme si la fumée d’un feu avait partout pénétré »).  Depuis le réveil d’Ahriman, chaque chose dans le monde matériel comporte un part plus ou moins grand de lui, les hommes compris.

Ahriman et les Dévas ont dorénavant pour demeure l’Enfer, auquel on accède par le trou crée dans la croute terrestre lorsqu’Ahriman fit sa première irruption dans le monde matériel.

Après la bataille, une pluie diluvienne lave le monde de l’excès de poison d’Ahriman et crée l’Océan qui encercle les régions terrestres.


La topographie du monde matériel

Entouré d’un Océan, le monde est divisé en sept kashwars ou régions, chacun apparemment séparé des autres par un bras de l’Océan.  Le monde est plat et l’Iran est au centre.  La croûte terrestre s’élève en une multitude de montagnes.

Parmi les lieux terrestres surgis à la Création, sont d’une importance particulière :

-   la mer Vourushka, source de toute eau pure qui lui est aspiré avant d’être porté dans le monde sous forme de pluie.  Dans cette même mer croît l’arbre Gaokerena, qui est l’homa blanc.  A la fin du Temps, le jus de l’homa blanc accordera l’immortalité aux âmes ressuscitées.  Son arbre est gardé par deux immenses poissons, qui nagent tête à queue de façon à toujours surveiller l’arbre. Leur adversaire est un monstre marin crée par Ahriman.



-  la mer Kanshu, où est préservé la semence de Zoroastre.  De celle-ci naîtra, à la fin de chaque Ere, un nouveau prophète (saoshyant).  La semence du prédicateur est gardée par 99.999 fravashi.

-  la montagne Hara Berezaiti ou Harborz, situé quelque part dans la chaîne des Elburz.  Cette montagne est le pivot du cosmos autour de laquelle tournent les astres et de son sommet, le Hukairya, coulent toutes les eaux pures de la création.  Libre de toute influence ahrimanique, c'est ici que se situe l'entrée du Pont Cinwat, lieu du jugement des âmes.



-  l'Airyanem Vaejah, "le Pays des Aryens" (arya = "noble"), berceau mythologique des peuples Iraniens et lieu paradisiaque avant l'intervention d'Ahriman, qui l'affligea de dix mois d'hiver.  Si ce lieu a un correspondant réel, il se situe quelque part entre l'Afghanistan et la Mer Caspienne.


Le destin du monde matériel

Il a été prévu qu’après les trois mille ans de torpeur d’Ahriman et la grande bataille qui l’a suivi, viendront trois autres millénaires.  Chaque millénaire sera placé sous l’égide d’un héros de la religion.  Le premier millénaire est  celui de Yima (le Jamshed du Shah Nameh) ; le deuxième celui de Zahhak, un serviteur d’Ahriman ; le troisième sera clôt par la prédication de Zoroastre.

Suite à la venue de Zoroastre, le monde durera trois mille ans encore dans son état mélangé de Bien et de Mal.  Ces trente siècles seront marqués par des succès partiels et provisoires du Mauvais Esprit.  A la fin de chaque millénaire, une jeune femme se baignera dans la mer Kanshu, sera imprégnée de la semence de Zoroastre et donnera naissance à un nouveau prophète, qui grâce à sa grande pureté s’entretiendra avec Ahura Mazdâ pour recueillir sa Loi.  Ensuite aura lieu une bataille gigantesque entre les troupes d’Ahura Mazdâ et d’Ahriman, qui durera 10, puis 20 puis 30 jours.  Pendant celle-ci, le soleil s’arrêtera dans son cours, pour apporter lumière et force aux troupes d’Ahura Mazdâ.

Pendant le dernier millénaire, le neuvième depuis la création du monde matériel, Zahhak échappera à sa prison et apportera partout la mort.  Face à lui se dressera Soshyant, le dernier prophète.  Il entamera la résurrection des morts ; le premier qui se lèvera sera l’héros Kereçaçpa [Zal], qui fera périr Zahhak pour toujours.

Le monde matériel connaîtra alors un temps de pureté, sans mélange ; les hommes seront soient Bons, soient Mauvais, jamais les deux.  Kay Khosrow, le troisième souverain de la dynastie mythique des Kayanides, et l’archétype du bon souverain, sera à nouveau roi du monde.

Viendra la Fin des Temps et la rénovation de l’Univers, la Frashegird.  Ahriman sera définitivement vaincu et rejeté en Enfer.  Toutes les âmes connaîtront alors la résurrection et, dans une grande assemblée, les Justes seront séparés des Damnés.  Les Damnés seront rejetés à nouveau en Enfer ; seulement pour trois jours mais ils connaîtront une immense douleur.

Les montagnes et les collines fondront dans un brasier purifiant et le métal qui en découle sera, pour les Justes, comme du lait tiède et pour les Damnés, comme une terrible torture.  Alors, tous les hommes se réuniront ; les âmes des damnés côtoieront les âmes des justes et seront sauvés par eux, car la damnation n’est pas éternelle.

Le métal scellera définitivement l’entrée des Enfers et le monde matériel apparaîtra comme un disque plat, sans hauteur ni profondeur, réuni enfin avec le monde immatériel et infini.


L’essence de la religion zoroastrienne


Certaines conceptions du zoroastrianisme sont élevées et, par certains égards, s’approchent de la philosophie grecque ou de la religion du Nouveau Testament.  Il serait cependant imprudent de pousser ce comparaison trop loin.  Malgré son étonnante « modernité », l’Avesta est quand même truffé d’interdits et d’impératifs comportementaux qui appartiennent pleinement à la pensée religieuse antique.  On citera notamment les causes et conséquences de l’impureté religieuse, qui occupent des chapitres entiers et contiennent des prescriptions qui, aujourd’hui, paraissent totalement absurdes.  La difficulté est, comme toujours, d’éviter de comparer l’Avesta à la Bible dans le but d’une « course aux précédentes » et de le prendre tel quel, pour lui-même.

L’Avesta nous dit que Ahura Mazdâ est une déité transcendant et non-incarné, qui tranche par là avec la plupart des divinités antiques.  On pense naturellement au Yahweh des Hébreux comme un autre exemple de ce genre de divinité.  Autre point commun avec le judaïsme, Ahura Mazdâ réclame certes des sacrifices sanglants mais surtout « le sacrifice des mauvaises pensées, des mauvaises paroles et des mauvaises actions sur l’autel de la conscience ».  Le zoroastrianisme accentue la communion entre homme et Dieu, même si elle n’a rien d’une religion d’amour.

Tout ce que Ahurâ Mazdâ a crée est tiré de lui-même.  Il est dit que « lorsqu’il créa les premiers esprits, c’était sa maternité.  Lorsqu’il les recréa le monde matériel, c’était sa paternité ».  Chaque chose dans le monde matériel est le reflet de son jumeau celeste.

Dans le cas des hommes, Ahura Mazdâ interrogea des esprits primordiaux appelés fravashis pour savoir s’ils avaient la volonté d’être incarné dans le monde matériel et de lutter contre Ahriman.  Le risque pour eux : leur corruption par le doctrine d’Ahriman et, par là, la séparation de leur créateur.  La récompense : la possibilité de retrouver, dans 9.000 ans, un Univers lavé de toute salissure.  Les fravashi donnèrent leur accord et Ahura Mazdâ créa leur double matériel.  Pour ma part, c’est la plus beau mythe de la création des hommes dont j’ai connaissance.



Cette notion de fravashi - qu’il ne faut pas réduire à un simple ‘ange gardien’ - est très importante dans le zoroastrianisme.  Elle signifie que les hommes sont en communion étroite avec Ahura Mazdâ, d’abord parce qu’ils sont de son essence – aucun homme n’est crée par Ahriman - deuxièmement parce que leur double céleste, leur fravashi, est constamment présent devant le Dieu suprême, comme l’est le fravashi des morts et les fravashi de ceux qui ont encore à naître.

Suivre les doctrines d’Ahriman éloigne l’âme de l’homme de la communion avec son Créateur, puis à la mort et à l’envoi de l’âme corrompu aux Enfers, l’en prive.  Cette rupture est partout présentée comme source d’une immense souffrance.

Cependant, l’homme n’est pas le simple jouet des puissances célestes.  Chaque homme naît avec la connaissance de la voie vers Ahura Mazdâ mais aussi avec dans son âme une part d’Ahriman.  Il appartient à son libre arbitre de suivre l’un ou l’autre et cette religion reconnaît que la plupart des hommes suivront tantôt l’un, tantôt l’autre.  La ligne est pourtant fine et la chute jamais loin, et éviter à son âme et à ceux des autres une grande souffrance nécessite, pour chacun, une prise de conscience de la nature du Bien et du Mal.  Les dévas sont tapis dans l’âme de l’homme mais paraissent impuissants si l’âme est guidée vers le Bien.

Ce n’est pas tout à fait vrai.  Il a été très joliment dit que le monde matériel est, pour les zoroastriens, une « lente décantation spirituelle » pendant neuf millénaires.  Le zoroastrianisme est parfois présenté comme une sorte d’exercice mental, une philosophie où il appartient à l’homme d’exercer une emprise spirituelle sur lui-même pour accéder au bonheur.  Hélas, ce n’est pas si « simple ».  Comme je l’ai déjà évoqué, le zoroastrien doit aussi lutter contre le monde matériel, qui l’assaille avec beaucoup d’arbitraire.  A titre d’exemple, le simple fait de toucher un objet souillé rend impur, qu’importe la pureté spirituelle du malheureux.  Celui qui est impur est en proie aux dévas, et fut-ce l’homme le plus pur d’esprit, son âme est alors en danger mortel.

Comme Ahriman est présent dans chaque homme, il s’est également mélangé à tout autre aspect du monde matériel.  Parmi les animaux, cela se manifeste par des espèces utiles et des espèces nuisibles.  Dans le monde végétal, l’écorce ou les épines représentent le Mal, accrochés à la Bonne verdure.  Parler de mélange est d’ailleurs imprécis, « greffé » serait plus approprié, car comme il est dans le Denkart : « comme le froid ne peut se maintenir là où est le chaud, comme la sécheresse ne peut se maintenir là où est l’humidité, ainsi Ahriman ne peut se maintenir là où se trouve Ahura Mazdâ ».

Par cette interpénétration extrême du Bien et du Mal, il transpire que le zoroastrianisme est une religion dualiste où s’affrontent deux conceptions de l’existence diamétralement opposées, nourris par deux êtres de rang égal, même si l’un des deux (Ahriman) est très inférieur en capacités.

La pratique religieuse

Comment le fidèle mazdéen vit-il ou elle sa religion ?

Commençons par la « profession de foi » qui est ainsi : « Je reprouve les dévas…j’attribue tout ce qui est bon à Ahura Mazdâ, l’être parfait, aux pensées sages, être pur, riche et majestueux, à qui est tout ce qui est de plus parfait, à qui la vache, à qui la sainteté, à qui les astres, à qui la splendeur qui émane des astres…Je loue la pensée sainte, la parole véridique, l’œuvre bien faite ».  On retrouve ici les bonnes pensées, les bonnes paroles et les bonnes actions, triptyque au cœur du mazdéisme.

On pourrait aussi dire pensées pures, paroles pures et actions pures car la pureté, asha, est une préoccupation majeure des zoroastriens.  Comme dans toutes les religions antiques, l’homme impur ne peut plus s’approcher de la sphère divine et se trouve isolé, en proie aux forces mauvaises.

La pureté peut être perdu par des circonstances tout à fait extérieur à sa personne.  Il en est ainsi – là aussi, comme dans la plupart des religions – pour la femme en menstruation ou en suite de couches.  Il en est de même pour celui qui entre en contact physique avec un objet ou une personne impure, car l’impureté est contagieuse et la « sainteté » d’une personne ne lui offre aucune protection.

L’homme qui perd son asha peut le regagner par des pénitences.  Ces pénitences consistent à frapper un certain nombre de coups avec l’aiguillon de Craosha (une sorte de chasse-mouches, large, épais et dur), ce qui se traduit par le devoir de tuer un certain nombre d’animaux ou d’insectes nuisibles.  Cela paraît très particulier, mais il faut se rappeler le dualisme zoroastrien, qui fait en sorte que de tels coups portent atteint au monde ahrimanique.
Tous les crimes contre l’asha ne sont pas remédiables.  L’homme peut devenir peshotanus,  c'est-à-dire « dont le corps a moralement péri ».  Rendent notamment peshotanus l’enterrement des cadavres, des relations sexuelles inhabituelles, la mise à mort de certaines créatures saintes et le fait de porter seul un cadavre.  Une telle personne est envoyée à l’écart de la communauté dans une structure emmurée.  Il y reste jusqu’à devenir « vieux et débile », puis sa tête est tranchée et son corps livré aux oiseaux.


L’homme pur interroge intérieurement Ahura Mazdâ, grâce à la communion déjà évoquée, et soumet son intelligence à ses révélations.  Il est aussi du devoir du bon mazdéen de nuire activement aux méchants : malgré sa réputation, le zoroastrianisme n’a rien d’une religion pacifique.  Sont particulièrement haïs les tenants d’autres religions et surtout les hérétiques.


La mort

Comme dans n’importe quelle religion, la mort est un moment important pour le zoroastrien.  La mythologie sur la vie post-mortem y est particulièrement riche.

A la mort, l’âme (appelé aussi « principe de connaissance ») erre près du corps pendant trois jours, où il est attaqué par les dévas.  Puis lui apparaît le reflet de son âme – son daêna - sous les traits d’une jeune fille.  Elle sera belle, si sa vie fut pure, hideuse s’il a vécu sa vie proche d’Ahriman.  L’âme affronte ensuite le pont Cinwat ; le vertueux le traverse vers le monde invisible, le méchant est emporté en Enfer.

L’âme vertueuse peut atteindre l’un des trois cieux.  Le plus exalté est le Garothman, où résident Ahura Mazdâ lui-même avec les Amesha Spenta.  Le moins exalté est l’Hamistagan, demeure des Yazatas.

Dans l’un comme dans l’autre cas, l’âme quitte le monde matériel et n’y a plus d’influence, jusqu’à la Frashegird.  Comme le dit le Denkart : avant la naissance, l’âme ne peut influer sur le monde matériel ; et c’est pareil après sa mort, car sans corps, l’homme n’a ni pensée, ni but.  Il n’y a donc ni réincarnation ni, à proprement parler, de culte d’ancêtres, même si ce dernier est en partie transféré sur les Fravashi.

Quant au corps, objet le plus impur qui soit car tout entier investi par la Druje Naçus, la terre sur laquelle il est tombé ne doit pas être cultivé pendant une année.  Le corps est emporté dans un dakhma, une structure emmuré et au sol carrelé.  Il y est déposé pour être dévoré par les oiseaux.  Dans le zoroastrianisme, le lieu où repose les morts n’a rien de sacré : dans le dakhma il est dit que les dévas se réunissent, y mangent et y répandent leurs ordures.  La destruction d’un dakhma – entendu une fois accompli son objectif – est considéré comme un acte d’une grande piété.




Développements ultérieurs

Au contact de la religion babylonienne, le zoroastrianisme a été fortement influencé par l’astrologie, et une tendance vers le mysticisme et la gnose.  Ce courant aboutit au zurvanisme.  Le Temps (Zurvan) n’est plus la création d’Ahura Mazda mais le créateur de deux esprits jumeaux, Spenta Mainyus et Aryo Mainyus.

Zurvan promet le sceptre du monde à l’aîné mais fixe un terme à la domination de celui-ci ; son frère régnera ensuite sur l’infini.

Quant aux jumeaux, le Bien et le Mal leur sont présentés et ils choissisent leur voie par leur libre arbitre.  Aryo Mainyus choisit le Mal, puis déchire le ventre de sa génitrice afin de naître le premier.  Ainsi, dans le zurvanisme, le monde matériel est mauvais non pas nature, mais par son gouvernement.

Le zoroastrianisme exerça également une grande influence sur Mani.  Ce prophète, né au début du 3ème siècle de notre ère, imprégné aussi d’idées chrétiennes, rejeta l’idée du mélange et fit du monde matériel un lieu entièrement corrompu, dans lequel la Lumière était emprisonnée dans la Matière.  Etres lumineux, les hommes doivent résister au Mal pour pouvoir rejoindre le domaine céleste.  Ils parviennent ou ils chutent, il n’y a pas de terrain intermédiaire.  La langue moderne se rappelle de sa doctrine sous l’adjectif de « manichéen ».

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